Edito

Les marchés ne font pas de promotions

Alors que les derniers mois ont été synonymes de consolidation, les investisseurs laissent enfin déborder leur optimisme sur fond d’espoir de « soft landing », ainsi que d’un rapide retour des banques centrales à une politique de taux moins restrictive. Dans ce contexte, les indices mondiaux progressent. De même, les taux à 10 ans refluent et permettent un rebond significatif des obligations.

En amont de la réunion de l’OPEP+, les cours du pétrole ont fait preuve d’une volatilité marquée. Tandis que les rumeurs voulaient qu’un accord entre les membres de l’OPEP+ soit imminent, les annonces ont finalement été confuses, laissant paraître une incapacité du cartel à trouver un accord. Si aucun compromis n’a été trouvé, l’Arabie saoudite a confirmé prolonger la coupe de sa production. Certains membres ont rejoint le mouvement en coupant les leurs jusqu’en mars 2024, sans pour autant donner de précisions sur l’ampleur. Le manque de clarté sur les décisions de l’OPEP+ en parallèle des velléités des pays hors OPEP d’augmenter la production ne fait qu’altérer la visibilité sur la classe d’actifs. En tendance, le marché du pétrole pourrait rester en déficit d’offre.

La résilience de l’économie américaine, laquelle oblige la Réserve Fédérale à rester prudente dans sa politique monétaire provient en grande partie de la vigueur de la consommation. Si les ménages ont pu compter sur l’excès d’épargne et le soutien budgétaire, des signes de fragilité semblent en effet émerger dernièrement. De surcroit, face à un coût de la dette qui augmente avec la remontée des taux, le taux d’épargne des ménages américains s’amoindrit. Un ralentissement de ce type est de nature à favoriser un ralentissement de la croissance américaine. Si les statistiques le confirment, l’hypothèse d’une désinflation ainsi que la matérialisation du resserrement monétaire permettront à la Réserve Fédérale d’être moins offensive. Au coeur du consensus, les espoirs de « soft landing » ont ainsi alimenté l’appétit pour le risque des investisseurs. Dans l’intervalle, l’institution veille à ce que les conditions financières ne s’assouplissent pas trop vite, pesant sur le billet vert. Notons qu’en Europe comme aux Etats-Unis, un assouplissement monétaire est anticipé en première partie d’année 2024, soutenant les marchés en conséquence.

La Chine peine à repartir, poussant les autorités monétaires à renforcer leur soutien à l’économie. Les ménages chinois ne semblent pas avoir la volonté de puiser dans l’épargne accumulée lors du confinement afin de consommer davantage, justifiant ainsi la faiblesse de la demande domestique. Le soutien budgétaire et monétaire a dans ce contexte été plus que bienvenu. L’injection de liquidité de la Banque populaire de Chine et l’appui budgétaire portent petit à petit leur fruit et permettent à l’économie chinoise de retrouver quelques couleurs. Toutefois, les fragilités structurelles persistent avec un investissement qui reste faible et un secteur immobilier toujours sous tension. Sur fond de sujets géopolitiques avec des enjeux majeurs, il convient de rester prudent dans l’attente de bonnes nouvelles permettant d’accompagner le rebond de la croissance chinoise.

Au Japon, l’inflation va dans le sens d’une sortie de la politique monétaire accommodante. La publication des données a en effet illustré des pressions inflationnistes qui persistent, avec notamment une accélération des prix des services. Dans un contexte de hausses de salaires poussées par les syndicats, il semblerait que les entreprises du secteur commencent à répercuter les augmentations passées sur les prix. Ces éléments permettent par ailleurs de confirmer que les pressions inflationnistes ne sont pas uniquement liées à la hausse des prix de l’énergie et la dépréciation du yen, argument utilisé par la Banque du Japon pour justifier le maintien de sa politique accommodante. Désormais, la dynamique est favorable à l’institution qui cherche à bénéficier de la boucle « prix-salaires » pour atteindre sa cible de manière durable. La publication des données économiques actant que l’inflation pèse sur la croissance japonaise, le combat de la Banque du Japon s’avère de plus en plus nécessaire.

Tous les actifs ont été logés à la même enseigne ce mois-ci. Le ralentissement de l’inflation rend plausible la fin des resserrements monétaires dans les principales économies. Il n’en manquait pas moins pour les marchés qui semblent décidés à matérialiser le « rallye » de fin d’année.

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