Faut-il suivre l'adage?
Les discussions relatives au plafond de la dette américaine ont été l’un des principaux points d’attention des marchés. Si l’issue semblait difficile d’accès, un ton plus optimiste quant à l’émergence d’un accord a vu le jour au fil des négociations. Au bout du compte, la Chambre des représentants a finalement voté à une large majorité en faveur de l’accord visant à suspendre leplafond de la dette américaine. Cette suspension s’étend jusqu’au 1er janvier 2025, soient 2 mois après les élections présidentielles de novembre 2024. Le texte doit désormais être transmis au Sénat pour une adoption définitive, l’objectif étant de le voter rapidement afin d’éviter les échéances de défaut de paiement. Dans cet environnement, le billet vert a rebondi face à l’euro tandis que les taux souverains peinent à suivre face à la probabilité d’une pause dans le cycle de hausse des taux.
En zone euro, les données d’inflation en France, en Allemagne, et en Italie confirment le ralentissement de l’inflation. Néanmoins, la hausse des prix peine à ralentir dans le secteur des services alors qu’il s’agit d’une composante essentielle pour acter la baisse de l’inflation sous-jacente, indicateur primordial dans les décisions de la BCE. Par ailleurs, le tassement de la croissance prend forme en Europe, pesant sur l’évolution des taux souverains ainsi que sur la devise.
En Turquie, l’élection présidentielle a été suivie de près pour ses enjeux tant relatifs à l’Europe qu’à l’OTAN. Si Recep Tayyip Erdogan est sorti vainqueur du premier tour, ce dernier n’est pas parvenu à obtenir plus de 50 % des votes et n’a ainsi pas échappé à un second tour. Bien qu’attendue, la victoire du président actuel a été source de volatilité pour les actifs turcs. Si ces derniers avaient été soutenus par l’espoir d’un changement dans un contexte d’inflation conséquente, le risque d’instabilité financière est désormais plus que présent. Suite à l’annonce des résultats, la livre turque s’est dépréciée, atteignant des points bas historiques.
En Chine, la croissance peine à accélérer. Si le début d’année peignait un tableau relativement optimiste sur la vigueur du rebond, les indices PMI chinois du mois de mai ont déçu, faisant pâtir les indices actions asiatiques. Alors que l’optimisme régnait, l’épuisement de la demande domestique a pénalisé le secteur manufacturier qui reste en territoire de contraction. Dans ce contexte, la capacité de rebond des matières premières se voit altérée. Malgré la reprise du tourisme, l’activité ralentit dans les services, à l’image de la construction qui fait toujours face à des difficultés. Sans soutiens monétaire et budgétaire, la reprise chinoise pourrait marquer le pas.
Au sein de l’archipel nippon, la voie se libère pour la Banque centrale alors que la publication du PIB surprend à la hausse. Si la demande extérieure a pénalisé les exportations japonaises, la croissance a été portée par une consommation intérieure soutenue et un rebond non négligeable de l’investissement. Témoignant d’une forte dynamique domestique, ces données pourraient se traduire par des tensions plus fortes sur le marché du travail. Rappelons que le redressement de l’activité est nécessaire pour accroitre les tensions sur le marché du travail et obtenir des hausses de salaires plus élevées, cela afin d’atteindre une inflation à 2 %. La publication des chiffres d’inflation a dans ce sens confirmé que la hausse des prix s’inscrit dans la durée. Les PMI ont quant à eux rassuré sur le rythme de croissance du Japon. Prémisse possible d’un ajustement de la politique monétaire, le gouverneur de la Banque du Japon a ouvert la porte à des ajustements de la politique de contrôle de la courbe des taux. Toutefois, les incertitudes demeurent dans un contexte où la dynamique de croissance de l’activité pourrait ralentir face à la faiblesse du rebond chinois.
Les chiffres de l’inflation méritent d’être surveillés dans un contexte où le ralentissement de la croissance prend forme. De nouveau, les regards se tournent vers ces deux indicateurs. Dans cet environnement, et face aux doutes quant au rebond de la Chine, la prudence reste de mise sur les marchés actions. Compte tenu des vents contraires, le crédit reste par ailleurs une classe d’actifs encore attractive.